[Octobre 2018]

Aujourd’hui implanté en Asie à Taipei après être passé par l’Italie et les États-Unis à la suite de son double cursus École de Commerce et Ingénieur entre l’EM Lyon et l’École Centrale de Lyon, nous vous invitons à découvrir notre portrait de Thibault qui a fait de la Supply Chain son expertise et qui est désormais Directeur Développement d’Ozeol !

Très bonne lecture à tous !

Thibault Ferrand - ECE 2009
Thibault Ferrand / ECE 2009

La CPGE à Blaise

– AABP : Hello Thibault 🙂 Merci de prendre du temps et de nous accueillir à Taiwan où tu vis désormais. Alors ce fait un petit bout de temps, mais pourrais-tu nous expliquer pourquoi tu as choisi de faire une Classe Préparatoire ECE ?

– Thibault : J’étais au lycée Blaise Pascal en section ES donc je connaissais déjà l’existence des classes prépa. Je souhaitais une formation de bon niveau et la Fac n’était pas faite pour moi, j’avais besoin d’un cadre de travail. Ne sachant pas ce que je souhaitais faire plus tard, la classe prépa et les écoles de commerce me permettaient de m’ouvrir le plus grand nombre de portes !

– AABP : Et je suppose que Blaise Pascal c’était donc la continuité logique pour toi ?

– Thibault : En effet je ne me suis pas posé la question d’aller ailleurs étant déjà au lycée à Blaise et sachant que les classes prépa y étaient de bon niveau. Je ne connaissais pas les classements à l’époque et ne voyais pas de différence avec les classes prépas Parisiennes. Si c’était à refaire je referais ma classe prépa à Blaise quand je me rends compte de l’ambiance délétère qui régnait dans les prépas Parisiennes aux dires de mes potes de promo d’école de commerce qui étaient passés par celles-ci.

– AABP : Peux-tu nous raconter ton expérience CPGE ?

– Thibault : Les CPGE ont été des années exceptionnelles pour moi ! J’ai découvert avec plaisir l’exigence, le niveau et la quantité d’information que l’on est capable d’emmagasiner. J’ai beaucoup aimé le plaisir de se sentir intellectuellement performant, notamment à la sortie d’épreuves de 4h quand on voit la production fournie et le volume de connaissance.

Lycée Blaise Pascal
Lycée Blaise Pascal

– AABP : Et donc au-delà de cette « orgie » de connaissance, qu’est-ce qui t’a le plus marqué en CPGE ?

– Thibault : Mon année de cube, ça a été de loin la meilleure, y compris en comparaison des années suivantes une fois en école. C’était une autre façon de travailler, un autre rapport avec les professeurs, une autre vision des épreuves et la possibilité de pousser davantage les sujets.

– AABP : Quel conseil aurais-tu aimé avoir au moment de rentrer en CPGE ?

– Thibault : Je pense que je les ai tous eu, j’avais discuté avec des amis en CPGE quand j’étais au lycée à Blaise. Ce que je donnerais en conseil à des bacheliers c’est d’être curieux de façon globale, de discuter avec le maximum de personnes sur leur expérience et de lire énormément car on ne lira jamais assez selon moi !

L’École de Commerce : EM Lyon Business School

– AABP : Une fois ta troisième finie tu as donc brillamment intégré l’EM Lyon Business School, comment s’est passée la transition entre la classe préparatoire et l’École pour toi ?

– Thibault : J’ai intégré l’EM Lyon avec des amis de CPGE de Blaise Pascal et le ressenti que j’ai eu à l’époque était un écart en termes de stimulation intellectuelle ! Que ça soit en cours de langues ou autres, le niveau de concentration faiblit et la densité intellectuelle également. Avec du recul, je dirais que c’est aussi le moment où on décroche un peu le nez du guidon et qu’on s’ouvre davantage qu’en CPGE. La complémentarité des enseignements des deux formations entre la CPGE et l’école de commerce est essentielle selon moi. Les deux me sont utiles dans mon poste actuel !

EM Lyon Business School
EM Lyon Business School

– AABP : Peux-tu nous en dire un peu plus sur ton parcours académique en école ?

– Thibault : Je me suis orienté vers des cours d’Entrepreneuriat ainsi que de Supply Chain. J’ai réalisé ma dernière année en double cursus à l’Ecole Centrale de Lyon en parcours Ingénieur Supply Chain.

– AABP : Et du côté associatif ?

– Thibault : J’ai été Président de l’association eMicrOcredit qui est une association de microfinance et d’entrepreneuriat social de l’EM Lyon, c’était le troisième mandat de l’association depuis sa création. Nous organisions des levées de fond à l’Ecole pour des projets de microfinance. Nous avions également un partenariat avec l’ADIE (NDLR : Association pour le Droit à l’Initiative Économique) pour intervenir lors de formations pour la création d’entreprise. Nous réalisions le module étude de marché et nous rencontrions également les entrepreneurs pour les aider dans le cadre de leur business plan. Ça a été une expérience extrêmement enrichissante pour moi, autant du point de vue de l’organisation associative que la rencontre de personnes très différentes du cadre d’école de commerce.

– AABP : Quel a été ton parcours professionnel au niveau de stages en entreprise ?

– Thibault : J’ai réalisé un premier stage de six mois à Dublin en vente immobilière chez Pierre & Vacances, un second de six mois en Supply Chain dans le groupe Michelin à Clermont-Ferrand et le dernier chez Ansaldo STS en Supply Chain pour une durée de six mois en Italie et aux Etats-Unis. Pour être honnête j’ai choisi mon premier stage chez Pierre&Vacances un peu par défaut, je m’y étais pris tard et avec peu de sérieux. Et d’ailleurs j’ai eu de la chance car j’ai appris beaucoup choses suite durant ce stage. Je faisais de la prospection immobilière par téléphone auprès de clients irlandais. J’ai tout d’abord appris à comprendre l’accent irlandais – ce qui n’était pas du tout gagné au début (Rires) – et j’ai aussi appris à découvrir l’activité de prospection. J’ai découvert ce qu’était d’avoir un manager uniquement tourné vers un résultat court-termiste et sans aucun investissement sur le moyen terme. L’équipe n’était constituée que de stagiaires et changeait en permanence, mais cela réduisait les coûts…

Michelin
Siège du Groupe Michelin / Clermont-Ferrand

Pour ce qui est de mon deuxième stage, étant originaire de Clermont-Ferrand j’avais déjà une forte sympathie pour le groupe Michelin. C’est pour moi un des modèles de gestion et d’innovation en France et je souhaitais y avoir une expérience. Je n’avais pas encore réalisé mon année de double cursus à Centrale Lyon et c’était donc pour moi une première découverte du monde des ingénieurs. Ça a été ma première expérience professionnelle où j’ai pu apprécier de travailler avec des gens brillants, très pragmatiques et attachés à leur employeur. Ce stage m’a aussi permis de découvrir ce qu’était la Supply Chain de manière concrète : la gestion des risques dans l’entreprise en optimisant les contraintes d’approvisionnement et de logistique. Pour ce qui est de mon dernier stage, j’étais chez Ansaldo STS. J’ai choisi ce stage car il me permettait de renforcer ma spécialisation en Supply Chain au sein d’un groupe industriel. Le côté international était aussi primordial pour moi et j’ai pu découvrir la culture italienne pendant 3 mois à Turin et Naples, ainsi que de découvrir le monde du travail aux États-Unis pendant 3 mois entre Pennsylvanie et la Caroline du Sud. D’un point de vue technique j’ai découvert les contraintes de gestion industrielle, l’articulation des contraintes commerciales et de Supply Chain ainsi que les difficultés quant aux différents cadres culturels à l’intérieur d’une même entreprise.

– AABP : Quel est a été le facteur déterminant dans ton choix de carrière ?

– Thibault : Mon choix de spécialisation en Supply Chain a d’abord été le résultat d’un choix par défaut une fois que j’ai eu éliminé tout ce qui ne m’intéressait pas. J’ai aussi pensé que la complémentarité entre école de commerce et école d’ingénieur apportait un réel plus à mon profil, ce qui m’a d’ailleurs permis de décrocher mon premier emploi dans ce domaine. Avec le recul je pense que ce sont les opportunités qui se sont présentées à moi et les rencontres qui m’ont amenées là où je suis aujourd’hui.

La vie après l’École

– AABP : Alors justement, pourrais-tu revenir rapidement sur ton parcours depuis ta sortie d’école de commerce jusqu’à aujourd’hui ?

– Thibault : J’ai donc effectué mon stage de fin d’étude chez Ansaldo STS an Supply Chain qui est une société italienne dans le domaine ferroviaire, où j’ai travaillé entre l’Italie et les Etats-Unis. On m’a ensuite proposé un poste de Supply Chain Planner à Taipei (Taiwan) ou à Honolulu (Hawaï). J’ai choisi d’accepter cette offre à la suite de mon stage car j’avais une réelle liberté dans mon analyse. J’ai aussi eu la chance d’avoir de très bons supérieurs qui m’ont beaucoup appris et donné envie de les suivre. A cela s’ajoutait l’intérêt culturel pour l’Asie et donc l’opportunité à Taipei était donc idéale pour moi !

Taipei / Taiwan
Taipei / Taiwan

 

– AABP : Qu’est-ce qui t’a motivé à t’expatrier à Taiwan plutôt que d’accepter le poste à Hawaï ?

– Thibault : J’étais déjà attiré par l’Asie et cela m’a donc paru être la parfaite opportunité pour moi ! Mon N+3 de stage partait également à Taiwan où il est devenu mon N+2 et il avait fait une analyse complète de la vie sur place car il partait avec toute sa famille. J’ai donc pu prendre conscience de la qualité de vie à Taipei.

– AABP : Pourrais-tu expliquer justement ces différences culturelles entre l’idée que tu t’en faisais et comment tu le vis actuellement au quotidien ? 🙂

– Thibault : Les différences culturelles étaient doubles : concernant le cadre de management italien et les habitudes de travail taiwanaises. Selon mon expérience, le type de management italien et notamment napolitain est très réactif et souvent dans l’urgence avec une certaine passion, si je puis dire. Une grande place était laissée à l‘initiative personnelle et l’optimisation des règles et contraintes. Les habitudes taiwanaises sont vraiment à l’opposé de cela : il faut que tout soit bien cadré avant de pouvoir se lancer car aucune place n’est laissée au risque et les erreurs ne sont pas les bienvenues. En cas de doute, il est plus fréquent de s’abstenir que de tenter une initiative.

Ozeol
Ozeol

– AABP : En quoi consiste ton travail actuel ?

– Thibault : Je suis actuellement Directeur Développement d’Ozeol. Mon travail consiste à ouvrir les nouveaux bureaux de notre entreprise. En 2017 j’ai organisé le lancement d’une dizaine de bureaux en partant de zéro, notamment en Amérique du Nord et du Sud ainsi qu’en Asie. L’année dernière j’ai passé en moyenne 45min par jour dans un avion, j’étais SDF et vivais à l’hôtel (Rires). C’est un mode de vie particulier mais très excitant et intéressant, tant que cela ne dure pas dix ans ! Cette année je suis en charge de la gestion opérationnelle des bureaux d’Asie et suis revenu vivre à Taiwan avec des déplacements pour mon équipe principalement. Mon équipe est composée de 5 managers Achat qui ont leur équipe répartis dans 5 pays : Indonésie, Philippines, Thaïlande, Vietnam et Bangladesh.

– AABP : Pourrais-tu aussi expliquer en quelques mots ce que fait Ozeol ?

 – Thibault : Ozeol est un spécialiste de la liquidation de stocks dans le monde entier. Nous identifions les stocks excédentaires via notre activité de prospection et nos équipes d’acheteurs et nous faisons ensuite le lien avec nos clients en Europe pour écouler ces stocks en BtoB ou en BtoC. Nous n’avons aucun stock en propre et nous travaillons à flux tendus, notre business model fonctionne donc par opportunité. Nous ne savons pas ce que nous allons acheter demain, nous sommes intéressés par tout type de produits finis qui peuvent être vendus en Europe. Les catégories que nous couvrons sont assez vastes : habillement, chaussures, linge de maison, décoration, sport, jouets, jardin, papeterie, boissons, meubles, puériculture, arts de la table…

– AABP : Pourquoi as-tu choisi cette voie ?

– Thibault : Il y a deux ans, une amie de mon N+3 souhaitait me rencontrer pour une opportunité commune. Elle m’explique alors la vision et les ambitions d’Ozeol sur les prochaines années avec un doublement de l’effectif à venir. Elle cherchait un responsable du développement pour lancer tous ces bureaux et elle m’a proposé un rôle à responsabilité avec carte blanche sur les implantations et de vraies décisions stratégiques à prendre ainsi qu’une partie opérationnelle ensuite. J’ai été séduit tant par l’opportunité que par le charisme de celle qui est aujourd’hui ma CEO. Mes expériences me font penser qu’il vaut mieux choisir son manager direct plutôt qu’un métier, cela a toujours très bien fonctionné pour moi !

– AABP : Aurais-tu des conseils à donner aux étudiants en école et/ou aux jeunes diplômés qui cherchent leur voie ?

– Thibault : Ce qui m’a le plus apporté se sont les discussions avec les professionnels que ce soient des amis, des rencontres lors de cadres formels ou de cadres informels. Il faut profiter d’avoir le temps lors des études pour assouvir sa curiosité et aller voir un peu partout ce qu’il se passe.

– AABP : As-tu des projets d’avenir ?

– Thibault : L’idée est de rentrer en France dans quelques années, l’horizon n’est pas défini encore, pour à terme reprendre une société type PME et la développer, notamment à l’international. C’est aussi pour cela que je privilégie l’expérience managériale et humaine à la technicité d’un poste sachant qu’à terme l’idée est de gérer une PME.

– AABP : As-tu un domaine particulier qui t’intéresse dans l’optique de reprendre un PME ? Un retour en région Auvergnate en perspective également ? 🙂

– Thibault : Je me tournerais plutôt vers une PME industrielle avec un certain savoir-faire et une expertise à développer à l’international. Je pourrais me passionner sur la fabrication de câble, de parapluie ou d’objets de décoration, peu m’importe. Ce qui m’importe c’est davantage l’aventure en elle-même que ce soit du point de vue humain que du point de vue entrepreneurial.

– AABP : Merci beaucoup Thibault pour ton temps et ton témoignage, on te souhaite le meilleur pour la suite !

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