[Mars 2019]
Aujourd’hui nous avons l’honneur de vous présenter le portrait de Florian. Passé sur les bancs des CPGE de Blaise de 2004 à 2007, Florian a brillamment intégré l’École de l’Air. De son expérience CPGE à sa vie palpitante de pilote, en passant par ses années dans l’école de ses rêves, Florian a accepté de partager avec nous son parcours ponctué de sacrifices mais surtout de passion, d’expériences humaines uniques et de voyages exaltants !
Très bonne lecture à tous !

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La CPGE à Blaise
– AABP : Bonjour Florian ! Merci de nous accorder un peu de temps pour cette interview. Pour commencer, pourquoi avoir choisi de faire une CPGE ?
– Florian : Je souhaitais accéder au métier de pilote de l’armée de l’air. Deux voies se présentaient alors à moi : l’une post-bac, l’autre par les CPGE. J’ai choisi de tenter la plus difficile a priori pour pouvoir me rabattre sur l’autre en cas d’échec.
– AABP : Un choix stratégique qui semble avoir porté ses fruits ! Et pourquoi avoir choisi la filière PCSI-PC ?
– Florian : En grande partie au vue de mes résultats de lycée, meilleurs en physique qu’en maths. Une fois en PCSI je n’ai pas du tout accroché avec la SI (Sciences de l’Ingénieur) je me suis donc naturellement tourné vers la filière PC qui n’en comportait pas.

– AABP : Et pourquoi avoir intégré le lycée Blaise Pascal ?
– Florian : Il s’agissait du lycée dans lequel j’étais scolarisé et c’était la prépa la plus cotée de Clermont-Ferrand. Le choix s’est donc fait naturellement.
– AABP : Peux-tu nous raconter ton expérience CPGE ?
– Florian : La première année (sup) fut la plus difficile, marquée notamment par un professeur de maths que j’ai trouvé peu pédagogue, compliqué quand on a 10h de maths par semaine. La deuxième année (spé) fut beaucoup plus épanouissante avec une équipe de professeurs pédagogiques. J’ai ensuite eu le courage de poursuivre sur une 5/2. Ce fut un peu compliqué au début du fait de voir ses amis partir mais bien plus profitable d’un point de vue scolaire où j’ai senti que je maîtrisais les matières. J’ai pu aller beaucoup plus loin dans les réflexions et les applications. Cela m’a également fait mûrir sur mes choix futurs et sur ma motivation quand les copains n’étaient plus là.
De manière générale, je garde de la CPGE d’excellents souvenirs de classe, des soirées plutôt mémorables, des amitiés très fortes encore aujourd’hui, une excellente ambiance durant mes 3 années et le souvenir d’avoir développé une grosse capacité de travail. C’est aussi beaucoup de sacrifices et le boulot avant tout quand les copains sont à la fac ou se détendent.
– AABP : C’est vrai qu’on nous le répète souvent : réussir sa prépa c’est trouver le parfait compromis entre passer du bon temps avec ses amis et travailler tout en gardant ses objectifs en tête ! Qu’est-ce qui t’a le plus marqué en CPGE ?
– Florian : Beaucoup de choses ! D’abord, la charge de travail et la capacité de réflexion et d’assimilation demandée. Les colles, le stress, et la solidarité entre les élèves font aussi partie des choses que j’ai retenues. Au-delà du travail à proprement parler, l’ambiance excellente et décalée dans les 3 classes fréquentées, les soirées, les amitiés qui restent encore aujourd’hui m’ont beaucoup marqué. Et comment oublier la fameuse inversion avant les concours… Enfin, c’est la volonté nécessaire pour continuer vers son objectif même quand on a envie de relâcher la pression dont je me souviens encore. L’impression de faire un cursus exigeant et quand ça fonctionne, la fierté d’en être sorti par le haut grâce au travail accompli et aux professeurs.
– AABP : Quel conseil aurais-tu aimé avoir au moment de rentrer en CPGE ?
– Florian : Aucun en particulier. Il fallait que je passe par là pour intégrer l’école de l’air et je me suis donc adapté comme tous les élèves. J’ai cru en mes chances et si je devais donner un conseil c’est qu’il faut vraiment se donner à fond ! Deux ou trois ans ne sont rien dans la vie d’un étudiant, surtout au regard des portes qui nous sont ouvertes. Je dirais aussi que passer par une CPGE nous apprend la solidarité. J’entends par là que lorsqu’on partage son savoir avec les autres, on élève son propre niveau. C’est donc ensemble qu’on devient plus forts et surtout pas en travaillant tout seul dans son coin. Ça peut être rassurant pour ceux qui ont peur de s’isoler.
L’École d’Ingénieur : L’Ecole de l’Air
– AABP : Pourquoi avoir choisi l’École de l’Air ?
– Florian : C’est l’une des deux voies possibles pour faire pilote militaire. C’est aussi la plus exigeante et donc le premier choix pour pouvoir se rabattre sur l’admission post-bac en cas d’échec.
– AABP : Comment s’est passée la transition entre la CPGE et l’École ?
– Florian : Très bien. Il y a une césure volontaire en arrivant pour couper avec tout ce qui a trait à la vie civile précédente et intégrer cette nouvelle vie palpitante. Ça passe notamment par la formation militaire de base, et une vie beaucoup plus “rustique » que le confort et les bancs de la prépa. Et franchement ça fait du bien après 3 ans derrière les bouquins !

– AABP : Quel parcours as-tu suivi en école ?
– Florian : Pour commencer 2 ans de formation générale et d’ingénieur puis 1 an de formation théorique et pratique au pilotage de base. Ensuite j’ai attaqué la formation et la sélection en vol. Enfin, j’ai terminé ma formation de pilote de transport fin 2012 soit 5 ans après mon entrée à l’école de l’air. C’est un peu plus long pour la chasse et un peu plus court pour les hélicos.
– AABP : Quel a été ton parcours associatif / extra-scolaire ?
– Florian : J’ai fait du rugby pendant toute la durée de l’école. Le rythme est très intense (militaire, académique, stages, échanges, vols…) et ne permet pas trop d’avoir des activités régulières, mise à part sportives car elles sont obligatoires. En revanche, les possibilités de stages à l’étranger, de compétitions sportives (trails, raids, 4L trophy etc…) et tout ce qui peut promouvoir les valeurs de l’armée de l’air sont mises en avant. En bref, on peut faire un stage à la NASA, un raid pour traverser la Cordillère des Andes, monter un parrainage sportif étranger, réaliser une expédition aérienne, c’est l’endroit rêvé pour qui a une volonté d’entreprendre et de fédérer !
– AABP : Quel a été ton parcours professionnel (stages, missions, etc.) ?
– Florian : Durant mes études à l’école de l’air j’ai pu faire des stages en Angleterre, au Japon, chez Thales Alenia Space à Cannes mais aussi au Brésil et en Guyane. Il y a une partie militaire où nous faisons régulièrement des stages en montagne, dans différents centres d’entraînement commandos pour acquérir les bases militaires. J’ai eu la chance également de faire de la survie en milieu désertique pendant mon parcours à l’école. Tout cela est ponctué de cours académiques et de temps forts militaires (cérémonies) et se termine par l’obtention du diplôme d’ingénieur. A l’issue de ma formation de pilote de transport j’ai été affecté sur avion de transport tactique Casa Cn235. J’ai passé mes différentes qualifications professionnelles jusqu’à être Commandant de Bord puis aujourd’hui instructeur et examinateur militaire. Depuis 2016 je suis affecté dans un département d’outre-mer où l’armée de l’air possède un escadron mixte d’avions et d’hélicoptères.

La vie après l’École
– AABP : En quoi consiste ton travail ?
– Florian : Je suis pilote de transport militaire. Je transporte du matériel, des personnes d’un point A vers un point B à travers tous les pays et par tous les temps. En temps de paix sur une grande piste dans un pays exotique ou de nuit dans le désert en territoire hostile. Je peux larguer des parachutistes ou du matériel quand il faut être discret, faire de la surveillance au-dessus des mers, faire office d’ambulance volante pour des militaires gravement blessés, des populations sinistrées comme lors du passage du cyclone Irma en 2017 ou des civils qui ont besoin d’être acheminés en urgence lorsque les soins ne sont pas disponibles.
– AABP : Pourquoi as-tu choisi ce métier ?
– Florian : J’ai toujours voulu être pilote militaire depuis tout petit. J’ai été orienté en transport en école et me suis épanoui à travailler dans ce métier. J’ai la chance d’avoir pu réaliser beaucoup de missions à l’étranger et plusieurs opérations extérieures en Afrique. Je réalise des missions contre l’orpaillage et la pêche illégale, mais aussi du secours aux populations comme lors du cyclone Irma il y a un an. J’ai eu à transporter bon nombre de passagers, civils et militaires, parfois gravement blessés, largué des parachutistes en Afrique ou ailleurs, parcouru les Caraïbes, l’Amérique du Sud, l’Europe, le Moyen Orient et l’Afrique. J’ai le bureau avec une des plus belles vues qui soient, et je profite de paysages et de moments intenses et incroyables qu’on ne peut vivre que dans ces métiers.

– AABP : Quelles difficultés rencontres-tu au quotidien ?
– Florian : Les missions obligent à être absent régulièrement et la famille doit se débrouiller seule en notre absence même s’il y a une forte solidarité. C’est une situation souvent difficile pour le conjoint et les enfants. De la même manière, je peux me retrouver affecté à plusieurs endroits et cela m’oblige à avoir une certaine mobilité. Je dirais que la première contrainte est celle qui pèse sur la famille et qu’il faut bien choisir la personne avec qui l’on est, celle qui pourra endurer ça. D’un autre côté cela donne aussi la possibilité d’aller vivre dans les DOM TOM si on le souhaite et de vivre une expérience de 3 ans hors du commun en Polynésie, Nouvelle Calédonie, Guyane, Réunion etc… Il faut également savoir faire face aux imprévus car on peut se retrouver à partir du jour au lendemain en mission. C’est très palpitant pour nous, mais assez éprouvant pour les familles… Il faut savoir être à l’écoute et expliquer cela. L’armée de l’air tente de plus en plus d’accompagner nos familles lors de ces départs.
– AABP : Quels conseils peux-tu donner à ceux qui voudraient se diriger vers ce métier ?
– Florian : Il faut foncer ! Le transport aérien militaire est dans une période charnière actuellement avec de nouveaux avions performants qui viennent d’arriver (A400M, C130J, A330MRTT) et d’énormes besoins (oui l’armée de l’air manque de pilotes). Il faut s’accrocher et ne pas renoncer, les sacrifices et les efforts consentis valent 1000 fois la peine lorsqu’on touche à son but. Il faut garder en tête que l’école de l’air n’est pas la seule voie pour être pilote en cas d’échec, on peut le faire avec un niveau BAC. Le statut et la rémunération ne sont simplement pas les mêmes dans un premier temps. Il faut être conscient de son engagement, pour les intérêts de la France, avoir l’envie d’être utile pour son pays, être prêt à faire parfois des sacrifices et dépasser ses limites. Être pilote militaire c’est être militaire avant tout, et assumer les risques qui vont avec le métier dans certains cas.
– AABP : Quels sont tes projets d’avenir ?
– Florian : En tant qu’instructeur militaire, donner aux jeunes pilotes les outils et les compétences pour qu’ils soient les futurs commandants de bord de demain. En tant qu’officier, diriger dans un avenir proche un escadron de transport. En tant que pilote, continuer à faire des missions exaltantes et profiter de chaque instant en vol. En tant que mari et père de famille, concilier cette vie trépidante avec les attentes et les besoins de ce qui reste la priorité numéro un dans tous les cas. En tant qu’ancien élève des CPGE, donner de la motivation et du courage à ceux qui en ont besoin pour aller au bout et réaliser leur rêve. On n’a qu’une vie, il faut la vivre à fond et prendre conscience que plus l’effort est grand, plus la récompense est importante. Comme dirait l’autre, “ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait”.
– AABP : Merci énormément Florian pour avoir partagé ton parcours avec nous, et nous espérons que ta motivation et ton engagement sauront motiver d’actuels et futurs préparationnaire à suivre ton exemple !
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