[Janvier 2018]

Aujourd’hui nous vous présentons le portrait de Pauline 😀 Passée sur les bancs des CPGE de Blaise de 2009 à 2011, Pauline a brillamment d’intégré l’EM Lyon où elle a pu découvrir le monde et de nouveaux horizons au Japon et en Chine notamment. Désormais analyste en écoute sociale sur le net, elle a accepté de nous accorder du temps pour répondre à nos questions sur son parcours en CPGE jusqu’à aujourd’hui !

Très bonne lecture !

L’Équipe AABP.

Pauline Brotons / ECE 2009-2011
Pauline Brotons / ECE 2009-2011

La CPGE à Blaise

– AABP : Pourquoi as-tu choisi de faire une CPGE ECE ?

– Pauline : J’aimais l’éco et l’histoire, je ne me voyais pas du tout aller à la fac (ni d’éco, et encore moins d’histoire), mon lycée avait une classe prépa : pourquoi pas ? Je savais que les prépas y étaient encadrés, or je manquais déjà d’autodiscipline : c’est ce dont j’avais besoin.

– AABP : Il était donc normal pour toi de rester à Blaise Pascal ?

– Pauline : Oui car j’y ai passé mes classes de lycée, je connaissais quelques têtes en prépa à l’époque, ils avaient l’air fatigués mais globalement d’aller bien : je me disais que ça avait l’air dur mais faisable (et, argument non négligeable, ils étaient toujours prioritaires à la cantine). Quand j’en fais l’analyse a posteriori, j’ai aussi dû penser que, les concours étant les mêmes pour toutes les prépas, je devais avoir autant de chance que d’autres venant de Blaise : l’égalité des chances, c’est ça ! La suite, surtout en école à vrai dire, m’a enseigné d’autres règles, mais je n’ai jamais regretté d’être allée à Blaise, au contraire. Pour l’anecdote, lors de mes oraux à l’EM Lyon, nous étions un groupe d’admissibles pour le déjeuner, pour la plupart admissibles aux écoles parisiennes, et l’un d’entre eux m’a demandé avec tout le sérieux du monde où se trouvait Clermont-Ferrand car cette ville n’était pas sur une carte de météo. J’ai appris plus tard qu’il avait intégré HEC. Alors venir de Blaise, quelle incroyable opportunité d’ouvrir des esprits, n’est-ce pas ? 😉

– AABP : Hahaha qui eût cru que la carte météo était une telle référence ! Espérons que ce n’est qu’une exception 😉 Peux-tu aussi nous raconter ton expérience CPGE ?

– Pauline : Une expérience de travail, que je dois partager avec 100% des autres préparationnaires 🙂 Nous avions des profils différents : pour ma part, je n’étais pas un bourreau du travail, je n’étais pas une bûcheuse, mais j’étais très régulière et je m’accordais des sas de décompression. Mon samedi après-midi était sacré, je ne travaillais pas. Contrairement à beaucoup d’autres élèves, j’ai très bien vécu ma prépa : j’étais dans ma zone de confort, j’étais dans ma famille, j’y avais encore mes meilleurs amis de lycée. La ligne d’arrivée, à savoir les épreuves de concours, était connue et fixe : pas de dé pipé, il suffisait de s’entraîner et de mettre toutes ses chances de son côté. Pour moi, concrètement, ça voulait dire bien dormir (comprendre… me coucher très tôt) et ne pas travailler après le dîner 😀

Lycée Blaise Pascal
Lycée Blaise Pascal

– AABP : En effet on le répète souvent mais bien maîtriser son cycle de sommeil est une des clés de réussite de la Prépa. De ton côté qu’est-ce qui t’a le plus marqué en CPGE ?

– Pauline : Les profs sans doute. Je leur suis reconnaissante, ils étaient pour la plupart passionnés, compétents et de bonne volonté.

Beaucoup d’anecdotes me sont restées en mémoire, des cours, des colles, des épreuves… bien plus que mes fiches que j’ai pourtant passé beaucoup plus d’heures à lire et relire.

En tirant un peu, on pourrait dire que la prépa est une forme d’école de la vie qui s’ignore !

– AABP : On partage à 100% ton point de vue ici et c’est toujours rassurant de se l’entendre dire par nos Alumni ! J A posteriori maintenant que tu en es sortie depuis quelques années, quel conseil aurais-tu aimé avoir au moment de rentrer en CPGE ?

– Pauline : De ne pas me reposer sur mes lauriers et d’entretenir une curiosité pour le monde professionnel, à des années lumières du lycée et de la prépa.

EM Lyon Business School
EM Lyon Business School

L’École de Commerce : l’EM Lyon

– AABP : Magnifique transition ! On a désormais quelques questions concernant justement ce monde professionnel et les premiers pas dans celui-ci qui commencent dès l’école de commerce. De ton coté tu as intégré l’EM Lyon en Septembre 2011, comment s’est passée la transition entre la CPGE et l’École ?

– Pauline : Comme globalement toutes les transitions que j’ai vécues : factuellement. J’ai déménagé, je suis rentrée à l’école, nous étions tout jeunes et tout sages, impatients et nous pensant bien armés pour la suite. Nous étions surtout entassés dans les bus, ça ne devait d’ailleurs pas changer par la suite.

Le rythme de travail était différent mais l’école a veillé à ne pas trop nous éloigner de nos repères d’entrée de jeu : notre premier semestre a été consacré à de la recherche. J’en garde un bon souvenir. Notre sujet devait dresser un parallèle entre le leadership de l’armée et celui de l’entreprise. Quand j’y repense, c’était bien de la recherche au sens premier du terme : la découverte de deux mondes dont nous ne connaissions rien, hormis ce que nous en ont dit des articles universitaires. En réalité, le vrai changement de travail en école, c’est le travail en équipe. Je dois dire que l’école m’en a de plus en plus dégoûtée, comme la plupart de mes pairs, mais à la réflexion j’imagine que c’est un passage obligé, surtout au regard des métiers qui nous attendent à la sortie d’école. Je soupçonne la division de la charge de correction d’épreuve des profs par le nombre d’élèves d’une équipe, d’en être la vraie raison.

C’est en discutant un peu plus au cours des années après, notamment après le premier stage, que nous avons tous effectué à l’étranger, que les vraies questions se sont posées : la vocation, le métier, le sens de la vie etc. La prépa était déjà loin : ce n’était pas tant une transition qu’une réflexion générale sur l’inflexion qu’il fallait déjà donner à nos perspectives d’avenir.

– AABP : Quel a été ton parcours académique (cours, spécialisations, échanges universitaires…) et professionnel (stages) ?

– Pauline : Je ne sépare pas les cours et les stages car mon parcours s’est construit autour des deux.

La première année nous a fait découvrir les fondamentaux des disciplines, j’ai assez peu de souvenirs universitaires de cette année. A une exception près : un cours d’anglais de public speaking avec un très bon prof. L’école, positionnée sur l’entrepreneuriat, nous a aussi mobilisés dans un projet de création d’entreprise, dont je ne garde pas un souvenir impérissable à vrai dire, mais qui a pu confirmer ou révéler la fibre entrepreneuriale à d’autres.

Bien plus que les cours, et comme l’accueil admissible nous l’avait fait entrevoir, cette première année a été bien plus marquée par les associations et la campagne de leur renouvellement, au cours de laquelle j’ai vraiment rencontré les amis de promo que je vois encore aujourd’hui.

A l’EM, nous savions à l’entrée en école que nous passerions notre premier stage la deuxième moitié de l’année, toute la promo en même temps et à l’étranger. Je suis allée à Tokyo, dans une entreprise japonaise d’une quarantaine d’employés dont tous affirmaient ne pas savoir parler anglais (ce qui, comme je devais m’en apercevoir plus tard, reposait sur leur définition de « savoir parler »). J’en profite pour encourager tous ceux qui effectuent un stage à l’étranger à partir loin : ce sont des opportunités sans pareilles pour prendre des claques (mais dans un cadre inédit, ce qui rend la chose nettement plus acceptable).

Ensuite, j’ai suivi le parcours marketing : la mise sur le marché, l’offre et la demande, l’innovation etc. me parlaient, depuis mes cours macro d’éco de lycée. C’est là que j’y voyais le plus de création de valeur, surtout la partie « produit ». Après un été passé en boutique (je voulais aussi voir le terrain) et un stage en marketing développement produit, je suis partie en échange à Shanghai, avec une spécialisation en marketing du luxe, qui poursuivait l’apprentissage de mes stages.

华东师范大学 - East China Normal University
华东师范大学 – East China Normal University

J’ai profité de mes derniers mois à l’école pour élargir mes horizons : j’ai choisi des cours à la carte et mis l’accent sur les disciplines orientées RH et management. Je n’avais pas encore vu en quoi ce que j’avais appris m’aiderait à être bonne manager (ce qui est sous-entendu à la sortie d’une école de management) et cela me gênait : encore une fois, je voulais mettre toutes les chances de mon côté et la curiosité me paraissait un bon moyen de ne faire l’impasse sur aucun fondamental.

– AABP : En effet c’est un parcours très international avec le Japon et la Chine ! En parallèle de celui-ci t’es-tu aussi engagée dans des associations ? Si oui lesquelles ?

– Pauline : J’ai listé BDA, j’ai heureusement perdu et ai rejoint 2 associations par la suite : l’asso mode et celle « multimédia », en gros l’asso geek. J’ai parfois eu du mal à être autant impliquée dans les deux assos, en plus des cours, mais on a notamment pu y soumettre la participation de l’école un concours amateur de création de mode et y organiser des formations photoshop et autres tournois de jeux vidéos.

En revenant de Shanghai, je me suis inscrite dans l’équipe de foot féminin, nouvellement créée. Hormis un épisode d’un entraînement musculaire, sans match et sur un terrain enneigé, j’en garde de très bons souvenirs : victoire 3-1 face à l’équipe de GEM au derby de cette année-là :p et arrivée en finale de la compétition inter-écoles ! (Même si je n’ai pas pu y participer car j’étais en stage). C’est cet esprit d’équipe qui me mobilisait, il n’avait rien à voir avec le travail d’équipe en école.

– AABP : Ah le derby EM Lyon / GEM, beaucoup de rivalités 😉 Et au fur et à mesure de ce parcours très animé entre plusieurs continents, les salles de cours, les associations et les terrains de sport, pourrais-tu nous expliquer quel est a été le facteur déterminant selon toi dans ton choix de carrière ?

– Pauline : Le marché de l’emploi ! 😉

Plus sérieusement, après mon dernier stage, tadaaaaa j’étais (enfin) dans le grand bain. Je me suis dit qu’il fallait que je me pose les bonnes questions sur ce que je voulais vraiment faire. J’ai réduit le champ des possibles à 2 choses : soit je bosserais dans le digital : innovation produit, nouveaux métiers & opportunités professionnelles, nouvelles formes de consommation, presque une révolution industrielle, culture geek non découragée, soit dans le développement durable mais avec une portée économique, et forcément dans une entreprise privée, qui est à mon sens la meilleure structure pour créer de la valeur de manière efficace, bien qu’imparfaite.

– AABP : En effet beaucoup d’étudiants en écoles se heurtent face à cette question difficile de « ce que l’on veut vraiment faire plus tard ». Pourrais-tu nous expliquer un peu plus quelle a été ton approche et quels seraient tes conseils pour celles et ceux qui sont dans une situation similaire a l’heure actuelle ?

– Pauline : Vaste sujet s’il en est ! Alors pour commencer et en rassurer certains – ou pas 😉 – je me pose toujours cette question 🙂 Dans ma conception des choses, rien n’est gravé dans le marbre et il m’est important de me remettre en question et de douter, c’est comme ça que je m’améliore.

Ensuite, et sans aucune originalité, je mets d’emblée un *disclaimer* : ce qui suit est 100% empirique, je ne crois pas que ma méthode ait été miraculeuse, mais elle m’a de fait placée sur une ligne de départ 🙂

Alors, concrètement, je suis partie du général pour arriver au particulier (on ne se refait pas). Au cours de mes semestres d’école et de mes stages, j’avais déjà lu pas mal de choses sur le premier poste et le début de carrière, discuté du sens de la vie, écouté des TED Talks, refait le monde à des soirées plus ou moins alcoolisées et consigné les « enseignements » de chaque stage, c’est-à-dire les compétences et bonnes pratiques que j’y ai apprises. J’ai laissé tout ça scrupuleusement dans le flou pendant les études : je me connais et je sais que ce temps d’assimilation est nécessaire pour m’approprier les conseils, les lectures, les conversations etc. et les faire se répondre, entre eux, puis avec mon expérience. Dans un deuxième temps, une fois que je me suis trouvée au pied du mur professionnel, j’ai repris tout ça et ai listé mes points forts, mes valeurs et mes centres d’intérêts professionnels. La conclusion en a été très simple et pompeuse : je voulais participer à changer le monde par l’entreprise, pas juste en être le témoin ! 😀 Il est ressorti que j’allais chercher un emploi en digital ou développement durable (je n’avais d’expérience ni dans l’un ni dans l’autre mais justement, pourquoi ne pas me lancer tant que je n’étais pas engagée dans une carrière ?). Enfin, j’ai confronté ces pistes au marché de l’emploi et ai traduit mes points forts en compétences et mes valeurs et centres d’intérêt en conditions primordiales et secondaires pour un poste. Très peu d’offres ou même d’entreprises se concentraient sur le développement durable, alors que beaucoup de demande était exprimée sur le digital.

J’ajoute deux points qui me paraissent importants : j’ai effectué ce travail sur moi-même et il a été important pour moi mais il ne doit pas masquer l’effet d’opportunité (limité par définition en classe prépa) qui régit beaucoup le monde du travail ou du moins dans ce que j’en ai vu jusqu’à présent. Par ailleurs, je ne définirais pas mon premier job comme « ma voie », mais plutôt comme le couloir où j’ai posé mes starting blocks (ceux qui me connaissent pourront rire de mes métaphores sportives… :D).

Pour ce qui est des conseils, je dirais d’être curieux de la vie post-prépa ou post-école, constructif (« qui s’oppose propose ») et d’avoir le courage de demander ce qu’on veut (« quand on ne demande pas, la réponse est toujours non »).

La vie après l’École

– AABP : Merci énormément pour ces conseils éclairés ! En espérant que cela fasse écho parmi nos préparationnaires et étudiants actuellement en école J Tu as mentionné le digital de manière générique, pourrais-tu nous expliquer un peu plus en détail ton emploi actuel ?

– Pauline : J’occupe encore mon premier poste : « analyste d’écoute sociale » chez Sémantiweb, filiale de Webedia. Je mets des guillemets car mes collègues & moi avons chacun choisi un intitulé, ce qui est le propre de ces nouveaux métiers. En quelques mots : je travaille dans une entreprise B2B (business-to-business), structurée entre une agence et un institut d’étude, et j’analyse ce que les internautes postent spontanément sur le web. Ceux-ci s’expriment sur les réseaux sociaux mais aussi sur les blogs et les forums (si si je vous assure) : cela constitue une base de donnée de comportements, attitudes, motivations, jugements, réflexions etc. qui aujourd’hui reste en dehors des connaissances des marques. Ces marques sont de manière générale équipées de départements d’étude (questionnaires ou focus groups) et de service d’e-réputation (notoriété en ligne), mais en dehors de ces périmètres restreints elles ont très peu de connaissance client. Mon travail consiste à faire remonter la voix de leurs consommateurs ou prospects et de leur transmettre ce que disent publiquement des « Madame Michue » sur le web.

Sémantiweb
Sémantiweb

– AABP : Étant donné que c’est un tout nouveau métier – tout le monde n’a pas la chance de choisir son propre intitulé de poste (!) – comment es-tu arrivée dans cette profession ?

– Pauline : Cela correspondait à mes aspirations : le digital, le côté littéraire aussi que j’ai assez peu creusé dans mon parcours mais qui me tient à cœur, le recentrage du marketing sur le client (plutôt que la marque ou le produit). J’y trouve aussi une dimension éthique en transmettant des demandes consommateurs et presque civiles : plus les entreprises sont à l’écoute, plus le marché sera fonctionnel et durable.

– AABP : Merci énormément Pauline pour ton temps et toutes ces réponses 😀 Afin de conclure en beauté et étant donné que nous sommes au début de l’année, as-tu déjà pris une ou plusieurs résolutions pour 2018 ?

– Pauline : Ce sont des résolutions constantes mais j’en ai deux présentes à l’esprit : me détacher des aléas qui ne sont pas de mon ressort et être une meilleure boss !

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